DADA, CoBrA, IL, IS etc…

19 février 2010 - bps

Sur quelques mouvements du XXè et leurs suite(s).

DADA

En cette fin de Première Guerre Mondiale, c’est le chaos dans le monde artistique et politique. Une poignée d’artistes déclarent la guerre contre l’Art, cet art "bourgeois" emprisonné dans des règles d’esthétiques strictes qu’ils jugent absurdes.
Menés par Tristan Tzara, de New-York, Zurich, Berlin, Paris mais aussi Hanovre, Cologne ou Barcelone, ils entreprennent un sabotage de la logique, des hiérarchies des valeurs esthétiques pour reconstruire un autre art, qu’on aurait tort d’appeler surréalisme. Mais leurs idées, leurs révoltes ne sont perçues que comme des provocations puériles, du nihilisme. « Prenez Dada au sérieux, cela en vaut la peine » déclame pourtant un de leurs nombreux slogans.
Dada a créé son propre mythe en se présentant lui-même comme purement "subversif et terroriste", que ce soit en matière d’art, de littérature, de morale sociale ou individuelle. Pour ce qui concerne l’art, il n’a pas voulu créer, dit-il, mais détruire. Il a refusé qu’on le dise artiste et que l’on nomme œuvres les produits de ses activités.
Et en se sabordant, après avoir estimé que sa démarche était achevée, Dada a été l’une des entreprises de substitution d’un ordre artistique nouveau et viable à l’ordre ancien.

CoBrA

A Bruxelles au lendemain de la guerre, des artistes parmi lesquels les Danois Asger Jorn, Carl-Henning Pedersen, Henry Heerup, Egille Jacobsen, le Belge Pierre Alechinsky, Christian Dotremont , Joseph Noiret, les Hollandais, Karel Appel, Constant et Corneille, se réunissent au sein d’un groupe dans le souhait de réaliser leur idéal d’une meilleures société, en pensant que l’expression créatrice pouvait devenir un langage universel. Ils rejettent la culture rationaliste européenne dont la guerre vient de démontrer la décomposition.
Ils créent en novembre 1948 à Paris, au Café de l’Hôtel Notre-Dame, sur le Quai Saint Michel , le mouvement CoBrA , à partir du nom des villes d’où ils viennent : Copenhague, Bruxelles, Amsterdam .
A l’origine de leur activité artistique, se trouve aussi une réflexion politique engendrée par une analyse marxiste révolutionnaire de la société, et contre toute spécialisation de l’art : ils s’intéressent à la réalisation en commun d’oeuvres de poèmes, d’écritures, de peintures en s’opposant à tout formalisme stylistique ou esthétique.
Après la Libération et pendant la Guerre froide, les artistes s’inscrivant dans le prolongement de CoBrA exploreront de nouvelles pistes artistiques, mais aussi politiques et littéraires, que l’on qualifiera de libertaires.
À ce titre, l’action de CoBrA méritera d’être soulignée dans une perspective qui conduira certains membres à l’Internationale Lettriste à partir de 1953 puis au Situationnisme et à Fluxus en 1957.

L’Internationale lettriste

En 1951, au festival du cinéma à Cannes, un film intitulé "Traité de Bave et d’Eternité" est projeté sous les huées. Composé de collages d’images récupérées, parfois détériorées, avec en bande sonore des poésies onomatopéiques et des monologues, l’oeuvre se situe dans une filiation du dadaïsme et du futurisme italien ; en particulier, dans celle de Kurt Schwitters et de son "Ursonate". Isou et les lettristes (Maurice Lemaître, Gil J. Wolman), reprenant la charge iconoclaste des dadaïstes et des premiers surréalistes, veulent porter à son terme l’autodestruction des formes artistiques.
L’art traditionnel est déclaré mort ; l’une des alternatives proposées est le détournement (par des collages réutilisant des éléments déjà existants pour de nouvelles créations). Les lettristes aspirent à dépasser la division entre artiste et spectateur, entre vie et art ; le monde est à démonter et à reconstruire sous le signe de la créativité généralisée. Ils organisent également de petits scandales (ainsi en 1950, à Pâques, dans la cathédrale de Notre-Dame, un jeune homme déguisé en dominicain monte en chaire et annonce aux fidèles la "mort de Dieu"), et se spécialisent dans le sabotage du festival de Cannes.

L’Internationale situationniste

En 1957, suite à des divergences au sein des Lettriste est fondée l’Internationale Situationniste avec comme objectif de "Révolutionner la vie quotidienne" via la construction des situations, c’est à dire la construction concrète d’ambiances momentanées de la vie et leur transformation en une qualité passionnelle supérieure. Groupe organisé de théoriciens et expérimentateurs, le mouvement est basé sur le principe d’une révolution permanente de la vie quotidienne.
Les situationnistes dénoncent le mythe de la société des loisirs. Ils n’y voient qu’un mode supplémentaire de production consommation de l’espace temps social.