Les nanos servent à tout.

29 avril 2014 - bps

l’Ubimedia est en marche… les objets intelligents arrivent !! Mais de quelle "béatitude" parle-t-on ?

RFID : vous avez entendu cet acronyme - ou étiquettes "intelligentes", "smart tags", puces à radiofréquence, transpondeurs. Mais que sont-elles exactement ? À quoi servent-elles ? Comment fonctionnent-elles ? Saviez-vous que 2006 était l’année de leur entrée massive dans les entreprises ? Qu’on les injecte à nos animaux ? Qu’elles vous traquent déjà ? Saviez-vous qu’elles sont une des premières applications des nanotechnologies, et l’une des spécialités locales, entre le "Pôle de Traçabilité" de Valence et le "Pôle Minalogic" de l’Isère ? Savez-vous que dans quatre ans, sauf révolte, les mouchards électroniques infesteront 30 milliards d’objets - cinq par être humain, Papous compris ? Non ? Alors découvrons ensemble ce bijou de reality-science.

Histoire vraie.

Au pré avec sa mère, le poulain de trois jours tangue sur ses pattes. La seringue pénètre sous la peau du cou. Injection rapide et indolore. Le vétérinaire vérifie son lecteur portable : le numéro d’identification X0723A s’inscrit à l’écran, la puce est opérationnelle. Grâce à l’interface sans fil Bluetooth, le lecteur transmet directement à l’ordinateur les données concernant X0723A : date de naissance, sexe, numéro des géniteurs, vaccinations, allaitement, etc. Il sera désormais simple, en consultant les bases de données, d’assurer un suivi sanitaire rigoureux, de vérifier qui est le propriétaire, et, en le scannant avec un lecteur portable, d’identifier à tout moment X0723A.

L’animal est entré dans le système, il a le droit d’exister.

Ceci n’est pas du roman, mais une compilation de plaquettes publicitaires comme celle de la société française IER, fournisseur de "solutions complètes pour l’identification électronique des animaux". Amis citadins, vous ignorez sans doute ce que les agriculteurs, éleveurs et ruraux savent déjà : les RFID envahissent nos vies pour les contrôler. Non seulement en transformant les animaux en machines communicantes, mais en implantant dans chaque chose, chaque être, un mini-mouchard électronique. Mais pas de panique : vous n’avez rien à vous reprocher.

"Sans contact" mais avec mouchard

Qu’est-ce que c’est que ces RFID - Radio-Frequency Identification en anglais ? La traduction sur quelques millimètres carrés d’un désir totalitaire de tout suivre, pister, détecter, contrôler, surveiller électroniquement. Même des arbres, oui.

La chose ressemble à une mini-étiquette (d’où son nom d’étiquette "intelligente", ou "smart tag") et se compose d’une puce et d’une antenne. Chaque étiquette est unique, donc distingue l’objet ou la personne qui la porte parmi tous les autres, et est lisible à distance, à travers l’épaisseur de la peau, d’un emballage, de l’écorce, d’une couche de neige épaisse, etc.

Ça vous rappelle quelque chose ? Oui, Navigo, votre passe de métro parisien, ou Avan’Tag, pour le tram grenoblois, que vous ne sortez plus de votre sac pour valider. Ou le passe sans contact des autoroutes qui débite votre compte. Ou encore le forfait de ski de Chamrousse, validé lui aussi à distance dans la queue du télésiège. Trop pratique. À condition d’admettre que chacun de vos déplacements soit enregistré - date, heure, trajet, temps de parcours, etc.

C’est l’intérêt principal des RFID pour leurs utilisateurs : recueillir et stocker des millions de données - une richesse dans la société de l’information ; une source de pouvoir dans la société de la domination.

Comme on dit au labo Auto-ID du Massachussetts Institute of Technology (MIT) : "Mettez une étiquette RFID sur une canette de Coca ou un essieu de voiture, et soudain un ordinateur peut la "voir". Mettez des étiquettes sur chaque canette et chaque essieu et soudain le monde change (...) Le centre Auto-ID conçoit, construit, teste et déploie une infrastructure globale qui permettra aux ordinateurs d’identifier tout objet instantanément n’importe où dans le monde."

D’autres exemples ?
Le portable de Nokia avec lecteur RFID pour inventorier les objets "taggés" autour de nous et transmettre ces données à distance . Le dispositif "Person Tracking Unit" d’IBM permettant de scanner les étiquettes sur les éléments d’une foule pour suivre les mouvements dans les lieux publics. Les billets de la Coupe du Monde 2006 avec mouchard pour faciliter le suivi des supporters. Dans les bibliothèques françaises on équipe les livres : l’enregistrement de vos emprunts se fait au passage du portique de sortie. Dans des collèges américains on contrôle la présence et le comportement des élèves par leur carte électronique . Certaines communes, dont Paris, pucent leurs arbres pour mieux les gérer.

Mais encore : suivi des bagages dans les aéroports ; identification des véhicules, des produits de luxe et des médicaments (contre la contrefaçon) ; ouverture contrôlée des portes électroniques ; remplacement des badges ; passeports, visas et cartes d’identité électroniques ; gestion des livraisons pour l’armée ; traçabilité alimentaire ; puçage des animaux. Et des humains - on y vient.

Rien sur cette planète ne doit échapper à la frénésie de la traçabilité. Le lobbying des fabricants de puces a fait son œuvre : "Le marché est considérable et le pays par la voix de Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense et de François Loos, ministre délégué à l’Industrie va prochainement assouplir la réglementation en vigueur. L’objectif est surtout de permettre son développement et son utilisation sur l’ensemble du territoire, y compris les DOM-TOM."

Dans la grande distribution, les étiquettes "intelligentes" permettent de suivre les produits de l’usine à la déchetterie, en passant par le transport, le stockage, l’achat, et de lutter contre les vols - pardon, les "démarques inconnues".

Avis aux chapardeurs : la petite taille des RFID permet de les dissimuler dans le tissu des vêtements, dans le papier des passeports, dans le corps même des objets. Début février 2006 Hitachi a présenté la plus petite puce RFID du monde : 0,15 mm de côté et 7,5 µm d’épaisseur. Invisible, indétectable, sauf par la machine et ceux qui pilotent la machine. Sachez-le avant de remplir vos poches (quoique le papier aluminium semble perturber la transmission par radiofréquences. Bref).

Wal-Mart aux Etats-Unis a imposé les RFID à ses principaux fournisseurs depuis 2005, imité par Tesco et Marks & Spencer en Grande-Bretagne, Metro en Allemagne. Ce dernier expérimente depuis 2003 le "magasin du futur" . Votre caddie, équipé d’un écran informatique et d’un lecteur, enregistre chaque produit et vous assiste dans vos courses, idiot comme vous êtes (localisation des produits dans les rayons, conseils, promos, etc). L’objectif est d’éliminer les humains aux caisses, le chariot débitera votre compte. À la sortie vous pouvez désactiver les RFID. Si vous avez le temps de les passer une par une devant une nouvelle machine, et si vous y pensez. Sinon, elles signaleront votre présence dès que vous passerez devant un lecteur. Et en France ? Carrefour a signé en février 2006 un contrat avec le fabricant Checkpoint Systems pour installer des lecteurs RFID dans 179 hypermarchés.

(Pièces et main d’œuvre)