Ces outsiders/amateurs ont trouvé dans l’art une manière de reconquérir leur identité, de passer de « malade » à « artiste ». CQFD.
L’actuelle exposition à la Halle Saint-Pierre (jusqu’au 22 août 2014) est surtout une profonde réflexion sur notre regard. Même si Henry Darger ou Joe Coleman ont aujourd’hui la notoriété qu’ils méritent, cet art populaire, spontané, viscéral, réalisé par des « non-professionnels », n’est que trop peu mis sur un pied d’égalité avec l’art « savant » des artistes déclarés. Ici, à travers l’exploration de cette face cachée de l’art, c’est finalement la face cachée de notre société qui remonte à la surface. Une société tourmentée qui apparaît dans toute sa violence, les artistes reprenant souvent des motifs ou des stéréotypes de notre imagerie populaire, revisitant l’esthétique religieuse ou exacerbant la noirceur des rapports humains.
Ou comment l’art a transformé l’ostracisme de ces bannis en un poste d’observation privilégié sur notre monde.